Saint Boniface est-il l’inventeur du sapin de Noël ? D’où vient cette légende ? Est-elle historique ?

Ce Saint Boniface (680-754) n’est pas fêté en décembre, contrairement à Saint Boniface de Cicile († 290), mais le 6 juin de chaque année. Pour ses nombreux voyages et ses missions réussies dans l’Allemagne d’aujourd’hui, il est considéré comme « probablement le plus grand missionnaire depuis saint Paul » (1). Il est également connu dans l’histoire de l’Église catholique comme l’apôtre des Allemands, grand évêque et évangélisateur. La légende catholique, basée sur des événements historiques réels, veut que Boniface soit aussi lepremier à utiliser un arbre de Noël pour célébrer la naissance de l’Enfant-Jésus. Ainsi est-il l’inventeur du sapin de Noël que nous connaissons aujourd’hui !

 

De Winfrid à Saint Boniface

L’histoire de l’arbre de Noël  – et donc du sapin de Noël – commence en Angleterre. Un très jeune homme, Winfrid, décide d’entrer dans un monastère bénédictin, malgré les objections de ses parents. Winfrid grandit en sainteté et en piété, mais il aspire à quitter le monastère et à apporter la lumière du Christ aux Allemands païens, tout comme les moines avaient apporté la foi en Angleterre un siècle plus tôt.

Winfrid apprend que le pape Grégoire II (règne de 715 à 731) avait envoyé des missionnaires en Bavière en 716. Il décide donc se rendre à Rome pour devenir missionnaire auprès des Allemands. Le pape Grégoire se réjouit de l’arrivée de Winfrid et, après un certain temps, le charge de prêcher l’Évangile dans les régions de Thuringe, de Bavière, de Franconie et de Hesse. En reconnaissance de sa mission spéciale, le pape change également le nom de Winfrid en Boniface.

Le moine nouvellement nommé se rend en Hesse (Allemagne centrale) en 721. « Grâce à son activité infatigable, son don d’organisation et son caractère adaptable, amical mais ferme », il remporta de grands succès, notamment la conversion des deux chefs jumeaux Dettic et Deorulf (2).

Boniface établit également des monastères bénédictins dans toute sa zone d’évangélisation, notamment le grand monastère de Fulda en 744 (3). Aussi, la nouvelle de ses grandes réalisations parvient à Rome, où il est rappelé par le pape Grégoire pour présenter un rapport d’étape.

Impressionné par les efforts de Boniface, Grégoire le consacre archevêque pour toute l’Allemagne à l’est du Rhin. Imprégné de cette nouvelle autorité et de ce mandat pontifical, Boniface retourne en Allemagne en 723.

Boniface passe le reste de sa vie à évangéliser les régions de l’Allemagne moderne et certaines parties des Pays-Bas. Il devint également un ami de la cour franque et contribuera à réformer et réorganiser l’Église dans cette région.

Les débuts du sapin de Noël…

Grâce à ses voyages missionnaires, Boniface sait que les habitants du village de Geismar se réunissent en hiver autour d’un vieux chêne énorme (connu sous le nom de « chêne du tonnerre ») dédié au dieu Thor. Cet événement annuel de culte consiste à sacrifier un humain, généralement un petit enfant, au dieu païen. Aïe aïe aïe… Boniface souhaite donc convertir le village en détruisant le chêne tonnerre, dont les païens se sont auparavant vantés de n’arriver à le détruire. Il rassemble donc quelques compagnons et se rend à Geismar.

Ses compagnons missionnaires sont effrayés et craignaient que les Allemands les tuent. Ils ont donc hésité lorsqu’ils sont arrivés aux abords du village la veille de Noël. Boniface rassure ses amis et, alors qu’ils s’approchent du rassemblement païen, il affirme (4) :

Voici le chêne tonnerre ; et ici, la croix du Christ brisera le marteau du faux dieu Thor.

Boniface et ses amis sont arrivés au moment du sacrifice, qui a été interrompu par leur présence.

Le miracle de Saint Boniface

Faisant preuve d’une grande confiance en Dieu et désireux d’allumer le feu du Christ chez les païens allemands, Boniface saisit une hache et abat le chêne tonnerre du puissant Thor.

Les Allemands étaient stupéfaits. Le saint évêque prêcha l’Évangile aux gens et utilisa un petit sapin qui se trouvait derrière le chêne maintenant abattu comme outil d’évangélisation. En le montrant du doigt, déclare (5) :

« Ce petit arbre, un jeune enfant de la forêt, sera votre arbre sacré ce soir. Il est le bois de la paix… Il est le signe d’une vie sans fin, car ses feuilles sont toujours vertes. Voyez comme il pointe vers le ciel. Qu’on l’appelle l’arbre du Christ-enfant ; rassemblez-vous autour de lui, non pas dans la forêt sauvage, mais dans vos propres maisons ; là, il n’abritera pas d’actes de sang, mais des dons affectueux et des rites de bonté »

Emerveillés par la destruction du chêne de Geismar et la prédication de Boniface, les Allemands se font baptiser.

En 754, Boniface part pour un voyage en Frise avec cinquante moines. Leur travail est couronné de succès et de nombreux païens acceptent de recevoir le baptême. Lorsque vient le moment de célébrer le sacrement, une grande foule armée de païens s’approche des missionnaires. Sachant que son heure de mourir  est proche, Boniface décourage ses disciples de se battre et s’exclama (6) :

« Cessez, mes fils, de vous battre, abandonnez la guerre car le témoignage de l’Écriture recommande de ne pas rendre œil pour œil mais plutôt le bien pour le mal. Voici le jour tant attendu. Le temps de notre fin est maintenant arrivé. Courage dans le Seigneur ! »

Mort de Boniface… début de l’arbre de Noël

La féroce attaque païenne laisse morts Boniface et ses compagnons. Ils seront donc célébrés comme martyrs de la foi. Son futur biographe, un certain Othlo, a d’ailleurs rappelé le profond amour de Boniface pour le peuple qu’il s’est efforcé pendant si longtemps d’amener au Christ (7) :

« Le saint évêque Boniface peut se dire père de tous les habitants de l’Allemagne, car c’est lui qui, le premier, les a fait naître au Christ par les paroles de sa sainte prédication. Il les a fortifiés par son exemple. Enfin, il a donné sa vie pour eux. On ne peut faire preuve d’un plus grand amour que celui-là ».

Au cours des siècles qui ont suivi, se répandit dans toute l’Allemagne la tradition catholique consistant à utiliser un arbre à feuilles persistantes – l’arbre de Noël, symbole de l’arbre de Vie – pour célébrer la naissance de Jésus. Les immigrants allemands du XVIIIe siècle ont introduit cette coutume dans le Nouveau Monde.

De nombreuses histoires, légendes et mythes entourent la création de l’arbre de Noël, y compris l’affirmation selon laquelle la coutume est née avec Martin Luther. Mais  il n’y a qu’une seule histoire ancrée dans une personne réelle et un événement réel : Boniface, évangélisateur des Allemands, qui a détruit le puissant chêne de Thor.

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Pour méditer la Parole de Dieu :

Psaume 1,3 :

Heureux l’homme se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit. Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt. Tout ce qu’il entreprend réussira.

Evangile de Jean chap. 15, verset 13

Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.


Notes & sources :

(1) John Vidmar, OP, The Catholic Church Through the Ages (New York/Mahwah, NJ : Paulist Press, 2005), 83.

(2) Pape Benoît XVI, Catéchèse du mercredi sur « Saint Boniface, l’apôtre des Allemands », le 11 mars 2009 in Church Fathers and Teachers – From Saint Leo the Great to Peter Lombard (San Francisco : Ignatius Press, 2010), 80.

(3) Boniface a placé Fulda sous la juridiction de la papauté, ce qui était un concept nouveau à l’époque. C’était le même arrangement pour le monastère plus connu de Cluny au début du dixième siècle.

(4) P. William P. Saunders « The Christmas Tree », article Straight Answers dans le Arlington Catholic Herald

(5) Ibid.

(6) Willibald, Vita S. Bonifatii, ed. cité, 46. Cité dans, Pape Benoît XVI, Catéchèse du mercredi sur « Saint Boniface », 11 mars 2009.

(7) Othlo, Vita S. Bonifatii, ed. cité, lib. I, 158. Cité dans, Pape Benoît XVI, Catéchèse du mercredi sur « Saint Boniface », 11 mars 2009.

(8) The Washington Post – The Mini Page, « O Tannenbaum* ! », 6 décembre 2009, SC5. Pour Boniface coupant le chêne, voir Fr. John Laux, Church History – A Complete History of the Catholic Church to the Present Day (Rockford, IL : TAN Books and Publishers, Inc., 1989), 221 & Warren H. Carroll, The Building of Christendom (Front Royal, VA : Christendom College Press, 1987), 276.


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