Lalumieredenoel.com est tombé sur ce très joli conte, Le lutin du tilleul. Entretien avec son auteur, Xavier Accart.

Lalumiredenoel.com : Pour vous, c’est quoi, Noël ?

Xavier Accart : Noël, c’est le mystère d’une lumière qui rayonne au plus profond d’une nuit d’hiver, et dont le doux éclat baigne les jours qui précèdent et les jours qui suivent. C’est pourquoi le temps qui nous y conduit, avec ses décorations qui apparaissent partout dans les rues de nos villes et nos villages, nous est si cher. J’aime aussi beaucoup les jours qui suivent, « les douze jours » comme on disait autrefois qui vont de Noël à la venue des mages le 6 janvier. C’est pour moi un temps immobile, un sanctuaire de la paix au milieu des tribulations de ce monde.

Quel est votre plus beau souvenir de Noël ?

J’étais petit enfant, à La Rochelle, dans une maison de famille avec une ribambelle de cousins. On nous a réveillé pour partir à la messe de minuit. Quand nous sommes rentrés, le nez et les mains gelées par les rigueurs de l’hiver, les escaliers en bois qui menaient au premier étage s’étaient couverts de cadeaux…

Si vous deviez émettre un souhait pour recevoir un cadeau immatériel pour Noël, quel serait-il ?

La réconciliation de proches brouillés, même au-delà de la mort. Noël est une fête de la paix.

Le lutin du tilleul : comment vous est venue cette idée de conte ?

C’était une fin d’après-midi, il y a quelques années. J’avais l’habitude d’inventer des histoires pour mes enfants. Ce jour-là le ciel mauve était sans épaisseur, comme au tout début du conte. D’ordinaire, les histoires qui me venaient étaient aussitôt oubliées. Mais cette fois le conte que j’ai raconté m’a moi-même touché. C’est une expérience singulière que d’être ému par une histoire que vous inventez. Il y avait en moi la matière des contes de Grimm, ces contes immémoriaux que j’ai beaucoup lus à mes enfants. Mais une autre lumière est venue tout éclairée comme en témoigne le sous-titre du conte : « La joie retrouve du royaume ».

Comment débute l’histoire du lutin du tilleul ? Quel est le défi proposé ?

Cela se passe, il y a très longtemps, dans la plaine danubienne (ne me demandais pas pourquoi : je ne le sais pas moi-même !) où, un roi et son fils se déchirant, le climat se dérègle, les bandits sortent des forêts, les féodaux entrent en guerre les uns contre les autres… Dans ce contexte peu propice aux moissons, Alfred, un fermier, a dû vendre sa terre par lopin. Il se demande comment, l’année suivante, il pourra subvenir aux besoins de son épouse et de sa fille Anna, la lumière de leur vie. Il médite, pensif, près d’un tilleul, devant sa ferme, quand, soudain, un bruit mat attire son attention. Un petit être, pas plus haut qu’une poule, apparaît et lui dit qu’il va le tirer d’embarras. Il ne pourra cependant profiter de l’or qu’il va lui permettre de découvrir qu’à trois conditions : accueillir chez lui tous les pauvres qui frapperont à sa porte, organiser pour eux un réveillon chaque nuit de Noël et… marier sa fille à un prince. Alfred, éberlué, objecte qu’il ne pourra jamais marier sa fille à un prince…

Qu’aimez-vous dans les illustrations de Raphaël Gauthey ?

C’est une belle expérience d’abandonner son conte à un illustrateur. Car en lisant vos mots, il ne voit pas forcément la même chose que vous. Il y a un dessaisissement qui est très sain dans ce processus créatif. J’ai beaucoup aimé la façon dont il rend la ferme illuminée ayant retrouvé son lustre d’antan, les promenades dans les paysages enneigés d’Anna et d’un pauvre hère, ou les réveillons au cours desquels des malheureux retrouvent une dignité et la joie de la communion fraternelle.

Le sous-titre de votre conte est « la joie du Royaume » : de quel royaume s’agit-il ?

Dans les contes, plus encore que dans nos vies, la petite histoire rejoint la grande… Je n’en dis pas plus. Mais tout royaume évoque un autre royaume. Celui dont chacun de nous peut faire l’expérience – sans bien même le savoir – quand il éprouve une gra  nde joie ou l’expérience d’un authentique amour. C’est un royaume auquel on commence à participer ici-bas mais qu’on ne connaîtra pleinement qu’après la mort. Son souverain est celui qui, peut-être, nous dira : « j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité… »

Comment peut-on conquérir cette joie à Noël ?

Le mystère de Noël est un mystère d’attention. Or, nous souffrons aujourd’hui d’un déficit d’attention causé par une trop grande dispersion. Faisons un effort pour limiter ce qui nous empêche d’être présent à nous-même et aux autres – à commencer par le temps d’écran. Et, fort d’une capacité d’attention retrouvée, ancrés dans le présent, soyons attentifs à ceux qui nous entourent. Notre cœur compatissant pourra alors aussi demander silencieusement que se diffuse la lumière de Noël : « Frère, sœur, quelle est ton tourment ? Tu n’es pas seul ! Un Amour-sans-limite t’attend. Il se tient à la porte de ton cœur, te regarde à travers moi et attend que tu lui ouvres ».

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