Thérèse Martin – qu’on appellera plus tard sainte Thérèse de Lisieux – s’est véritablement convertie un 25 décembre. Elle racontera elle-même cette grande étape, un an avant de mourir (en 1897), dans ses manuscrits autobiographiques.

« Ce fut le 25 décembre 1886 que je reçus la grâce de sortir de l’enfance, en un mot la grâce de ma complète conversion. Nous ­revenions de la messe de minuit où j’avais eu le bonheur de recevoir le Dieu fort et ­puissant. En arrivant aux Buissonnets, je me réjouissais d’aller prendre mes souliers dans la cheminée, cet antique usage nous avait causé tant de joie pendant notre enfance que Céline (l’une de ses quatre sœurs, Ndlr) voulait continuer de me traiter comme un bébé puisque j’étais la plus petite de la famille…

Papa aimait à voir mon bonheur, à entendre mes cris de joie en tirant chaque surprise des souliers enchantés, et la gaîté de mon Roi chéri augmentait beaucoup mon bonheur, mais Jésus voulant me montrer que je devais me défaire des défauts de l’enfance m’en retira aussi les innocentes joies, il permit que Papa fatigué de la messe de minuit éprouvât de l’ennui en voyant mes souliers dans la cheminée et qu’il dit ces paroles qui me percèrent le cœur : “Enfin, heureusement que c’est la dernière année !”

Je montais alors l’escalier pour aller défaire mon chapeau, Céline connaissant ma sensibilité et voyant des larmes briller dans mes yeux eut aussi bien envie d’en verser, car elle m’aimait beaucoup et comprenait mon chagrin : “Ô Thérèse ! me dit-elle, ne descends pas, cela te ferait trop de peine de regarder tout de suite dans tes souliers”.

Mais Thérèse n’était plus la même, Jésus avait changé son cœur ! Refoulant mes larmes, je descendis rapidement l’escalier et comprimant les battements de mon cœur, je pris mes souliers et les posant devant Papa, je tirai joyeusement tous les objets, ayant l’air heureuse comme une reine. Papa riait, il était redevenu joyeux et Céline croyait rêver !…

Heureusement c’était une douce réalité, la petite Thérèse avait retrouvé la force d’âme qu’elle avait perdue à 4 ans et demi et c’était pour toujours qu’elle devait la conserver !…

En cette nuit de lumière commença la troisième période de ma vie, la plus belle de toutes, la plus remplie des grâces du Ciel… En un instant l’ouvrage que je n’avais pu faire en dix ans, Jésus le fit se contentant de ma bonne volonté qui jamais ne me fit défaut. […] Il fit de moi un pécheur d’âmes, je sentis un grand désir de travailler à la conversion des pécheurs, désir que je n’avais [pas] senti aussi vivement… Je sentis en un mot la charité entrer dans mon cœur, le besoin de m’oublier pour faire plaisir et depuis lors je fus heureuse !… »

Quitter l’enfance… mais pour être plus heureux !

Thérèse, ce jour-là, en rencontrant Dieu, s’est arrachée au monde de l’enfance. Pour autant, toute sa vie, elle cherchera à être comme un enfant dans les mains de Dieu. On ne peut grandir en Dieu si on ne se quitte pas soi-même, mais on ne peut se quitter soi-même, sans le don de Dieu. « En cette nuit où [Jésus] se fit faible et souffrant, écrit Thérèse, Il me rendit forte et courageuse. » C’est ainsi qu’en devenant sainte, Thérèse a trouvé le bonheur parfait, dès ici bas, et cela a commencé un jour de Noël !

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